jeudi 5 février 2009


Je relis cet avant-propos tiré de mon premier livre -Carnets de soute- où je racontais la face cachée de mes reportages, où je décrivais ce qu'on ne montre jamais dans le montage final d'un sujet. Sans doute parce que ce qui se déroule pendant un tournage est trop intime pour être mis en image.
Extrait : "C'est toujours un privilège de rencontrer des hommes et des femmes qui ont choisi la mer pour lieu de travail, qui montent sur un bateau comme d'autres vont à leur bureau. Pas seulement ceux qui font la grande Histoire, mais aussi, mais surtout les sans-grade qui constituent le plus grand nombre. Aux quatre coins de ma planète bleue voici Moussa le Sénégalais, Raul le Chilien, Gita l'Indienne du Gujarat, Norman l'Américain, Arie l'Indonésien, Louise la Française. La mer est leur mère. Ils sont les acteurs ordinaires d'une vie qu'ils n'ont pas nécessairement choisie. Mais lorsqu'ils acceptent d'en livrer quelques bribes au reporter curieux, c'est un cadeau inestimable. Souvent, en voulant transmettre ces histoires de marins salés ou de pêcheurs extrêmes, je me sens prédateur. Comme une araignée tisse sa toile avant de dévorer sa proie, me voilà vampire de la vie de mes contemporains. Avec un alibi en béton armé : le reportage. Et une obligation professionnelle : pas question de revenir la besace vide... Jour après jour, le stylo, le micro et la caméra doivent s'alimenter de sève humaine, dans une sorte de frénésie canibale."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de laisser des posts gentils ou méchants mais qui enrichissent ce blog. Please, on ne règle pas de compte, on s'abstient de toute forme d'expression raciste, de discrimination ou de diffamation. C'est la seule règle. Merci.